Samedi 11 décembre. A l’appel du collectif « Stop Extension Aéroport Marseille-Provence », 70 personnes se sont rassemblées en début d’après-midi sur le Cours Mirabeau, devant la mairie de Marignane, pour protester contre l’extension de l’aéroport, dont les travaux ont commencé. Une démonstration de force pour le collectif, qui entend rappeler que le respect par la France de l’Accord de Paris nécessite l’arrêt de la croissance du trafic aérien et à fortiori implique l’abandon de tout projet d’extension d’aéroport au niveau national . En ce sens, l’extension de l’aéroport Marseille Provence, est incompatible avec la préservation des conditions de vie sur notre territoire et sur Terre.

Malgré le vent et le froid, les militant·es ont déployé une grande banderole bleu ciel « Stop Extension Aéroport Marseille-Provence », dénonçant la complicité de l’Etat, et notamment d’Emmanuel Macron, qui a annoncé son soutien au projet lors de son allocution « Marseille en grand » le 2 septembre dernier. « Le président de la République annonce soutenir le projet alors que l’Etat a déjà été condamné à deux reprises pour son inaction climatique, ainsi qu’une fois pour son inaction dans la lutte contre la pollution de l’air » précise Florence Joly, porte-parole du collectif. Des militant·es d'ANV Cop21 Bouches-du-Rhône ont brandi des portraits d'Emmanuel Macron dérobés dans les mairies pour symboliser le sabotage climatique du président. 

Charlène Fleury, porte-parole d’Alternatiba, rappelle qu’il existe une dizaine de projets d’extension en France, et que cette mécanique de croissance n’a pas été enrayée par la loi climat, très insuffisante sur ce sujet puisqu’elle exclut de son périmètre les projets d’extension d’aéroports qui sont actuellement programmés. Le président de l’association NADA (Non à l’agrandissement de l’aéroport) Lille, Constant Motte, apporte son soutient au collectif : « Puisque la loi climat n’est pas à la hauteur, nous avons bâti un réseau de luttes contre les extensions d’aéroports, afin de contrer pied à pied ces projets mortifères. La victoire dans la lutte contre le projet de T4 à Roissy nous donne beaucoup d’espoir, même si les pouvoirs publics raisonnent encore avec un logiciel d’expansion complètement dépassé. »

Le rassemblement se veut également pédagogique et festif. Des militant·es proposent aux passant·es de jouer à la « Fresqu’aéro » : un jeu collaboratif pour mieux comprendre le secteur aérien et son impact sur le climat, tandis que les passant·es sont invité·es à signer la pétition, qui a dépassé la barre des 7000 signataires. « L’aéroport se targue d’être ‘net zéro en 2030’, mais cela ne concerne que ses émissions liées aux activités au sol, soit 2% de son activité : tout ce qui est décollage et atterrissage des avions, et qui est le plus polluant, n’est pas comptabilisé » rappelle Emma Messori de Greenpeace Marseille.

Composé des 6 associations locales Les Amis de la Terre 13, Alternatiba Marseille, Attac Marseille, Greenpeace Marseille, Cap au Nord et Eco Relais Sud Etang de Berre, et soutenu par plus d’une vingtaine d’associations et de collectifs locaux, le collectif « Stop Extension Aéroport Marseille-Provence » lutte depuis septembre 2020 contre ce projet d’extension et attaque en justice le permis de construire le nouveau bâtiment. « Nous déplorons que l’aéroport commence les travaux alors que le recours n’a pas été jugé », déclare Vincent Jannin, des Amis de la Terre Bouches-du-Rhône, « il s’agit d’une tentative délibérée de nous mettre devant le fait accompli, car une fois que le bâtiment sera érigé, il semble peu probable que la justice demande de le raser. »

Le collectif appelle à revoir l’ensemble de la feuille de route de l’aéroport  à long terme et l’arrêt définitif du projet actuel d’extension. Les allégations de l’aéroport de report de la phase capacitative  « jusqu’à nouvel ordre »  se veulent rassurantes mais ne sont pas acceptables. Il convient d’abandonner définitivement cette option et redimensionner l’actuel projet « Coeur d’Aérogare » en se concentrant uniquement sur les aspects de modernisation nécessaires mais sans augmenter les surfaces d’accueil de passagers. En réponse aux défis imposés par le réchauffement climatique sur notre territoire, il est urgent de se concentrer sur des investissements nationaux, régionaux et métropolitains fléchés en priorité sur le secteur ferroviaire.

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