Dépôt d’un recours contentieux auprès du Tribunal Administratif de Marseille contre le permis de construire délivré à AMP : l’État doit prendre ses responsabilités en matière climatique
Communiqué de presse du 6 juillet 2021
Du 15 septembre au 16 octobre 2020 s’est tenue la consultation publique concernant le projet Cœur d’aérogare Marseille Provence (140 millions eurosd’ d’investissement). Malgré une participation citoyenne significative, le Préfet des Bouches-du-Rhône a délivré le permis de construire pour l’extension de l’aéroport le 4 décembre 2020.
Le 3 février 2021, les 4 associations Alternatiba Marseille, Les Amis de la Terre Bouches-du-Rhône/Provence, Attac Marseille, et Greenpeace Marseille ont déposé un recours gracieux contre l’arrêté de permis de construire et organisé une conférence de presse « les pieds dans l’eau » face à la préfecture.
Aucune réponse à ce recours gracieux n’a été apportée par la Préfecture des Bouches-du-Rhône.
La décision de poursuivre un projet d’extension de l’aéroport Marseille Provence est contraire aux objectifs de l’Accord de Paris et va à l’encontre des recommandations émises par la Convention Citoyenne pour le climat.
Le collectif d’associations, mobilisé pour mettre en échec ce projet climaticide et inadapté, ont annoncé le 6 juillet 2021 lors d’une conférence de presse le dépôt d’un recours contentieux auprès du Tribunal Administratif de Marseille.
Le projet “Cœur d’aérogare” constitue la première étape d’un projet plus vaste à l’horizon 2025, estimé à un demi-milliard d'euros – duquel il a été artificiellement séparé – visant à permettre l’augmentation de la capacité du T1 de 8 à 12 millions de voyageurs par an, et par conséquent, un accroissement notable du trafic aérien.
Il est peu probable également qu’AMP envisage le réaménagement du terminal aux seuls motifs d’une remise aux normes de la sécurité ou d’une augmentation des espaces commerciaux, en déconnexion totale d’un accroissement pourtant déjà anticipé du trafic aérien.
Outre la séparation artificielle avec la création d’une jetée d’embarquement, le projet risque d’aggraver la pollution de l’air sur un secteur qui a pourtant déjà justifié la condamnation de l’État pour dépassement des valeurs limites (par la Cour de Justice de l’Union Européenne le 24 octobre 2019 puis par le Conseil d’État le 10 juillet 2020). Il risquera également d’aggraver les nuisances sonores, alors que l’aéroport n’a toujours pas élaboré son Plan de protection du bruit dans l’environnement.
Enfin, le permis délivré n’a pas été conditionné à la réalisation du Schéma de Composition Générale, document de planification qui aurait dû être finalisé avant le lancement de ce projet, a fortiori dans le contexte de bouleversement des prévisions de trafic.
Par ailleurs, parmi les arguments avancés dans les contributions de la consultation, celui de l’utilisation de l’argent public - AMP est détenu à 60% par l’État et 15% par les collectivités locales - pour des investissements non pérennes, revient régulièrement. Comment alors justifier que les 140 M€ en jeu ne soient pas plutôt consacrés à la rénovation énergétique des logements régionaux ou à l’amélioration de la desserte ferroviaire du territoire ? Cette responsabilité de l’État doit également se concrétiser en actions pour la réduction et l’atténuation des effets du dérèglement climatique à l’échelle locale.
Néanmoins, le secteur aérien peine toujours à s’aligner sur une trajectoire de réduction de ces émissions. Il apparaît dès lors totalement inconsidéré de poursuivre des aménagements tel que le “Cœur d’aérogare” sans qu’aucune modification majeure et structurelle n’y ait été apportée, qui plus est au regard de la crise sanitaire actuelle que nous traversons et de l’effondrement du trafic aérien, sans perspective de reprise “normale” avant 2027.
Comble de l'ironie, ce projet d'extension de l'Aéroport de Marseille-Provence continue à avancer alors même que le 29 juin 2021, le nouveau rapport du Haut Conseil pour le Climat a souligné que les efforts de la France pour lutter contre le réchauffement climatique ne permettent pas de respecter ses objectifs de réduction d’émission de GES et que le 1er juillet dernier, suite au Recours de Grande-Synthe, le Conseil d’État a ordonné à l'État de "prendre toutes mesures utiles" d'ici le 31 mars 2022, afin d'atteindre l'objectif d'une baisse de 40 % des gaz à effet de serre d'ici 2030, objectif que l’Union européenne est en train de porter à 55%.
Il est temps d’en prendre acte et d’exiger l’arrêt de ce projet actuel et surdimensionné qui permettra à terme une augmentation considérable du trafic aérien local, incompatible avec une politique responsable et engagée dans la réduction effective des émissions de GES.
Contact presse :
Alternatiba / ANV Marseille : Charlène Fleury : 07 82 79 11 17
Pour aller plus loin :
– Cagnotte pour frais de recours : https://s.42l.fr/cagnotte-recours-amp
– Pétition : https://agir.greenvoice.fr/p/MarseilleProvence
– Argumentaire : https://drive.alternatibamarseille.org/s/cdasie88RQ8R76E#pdfviewer
– Photos libres de droits : https://drive.alternatibamarseille.org/s/wYjdaXDd9Ka6rBx
– Live de la conférence de presse : https://www.facebook.com/alternatiba.marseille/videos/313908920241739